Trina Mather-Simard, membre de plein droit de la Première Nation de Curve Lake, près de Peterborough, est une pionnière dans le milieu du tourisme autochtone à Ottawa. Elle est également la fondatrice de la ferme Mādahòkì, une attraction et un marché autochtones qui se consacrent à la planification d’événements axés sur les Autochtones et à l’offre d’une expérience culturelle authentique d’un point de vue autochtone.
Trina Mather-Simard a également lancé une organisation appelée Expériences autochtones en 1998. L’objectif de l’organisation était également de créer des événements et des présentations axés sur les Autochtones qui mettent en valeur les diverses cultures des communautés des Premières Nations du Canada. Trina a assisté à une conférence sur le tourisme autochtone à Calgary, ce qui lui a donné l’idée de créer des programmes de tourisme autochtone chez elle, à Ottawa. Elle a constaté qu’il y avait une lacune dans le secteur, tout en reconnaissant qu’il faudrait beaucoup de ressources pour la combler. Trina a donc commencé modestement, en créant des liens avec des événements locaux importants et bien établis, comme le Festival canadien des tulipes et le Bal de Neige, et en proposant aux organisateurs des expériences autochtones complémentaires.
Sa passion pour la culture autochtone, ainsi qu’une bonne dose d’énergie entrepreneuriale, a aidé Trina à prendre son élan. Au fil du temps, elle a renforcé son réseau de partenaires des Premières Nations et attiré l’attention de personnes aux vues similaires, de prestataires touristiques et d’organisations de marketing de destination. En 2000, elle a été autorisée à piloter son propre événement sur l’île Victoria, à Ottawa.
Ce dernier est devenu la principale attraction culturelle d’Expériences autochtones, installée sur l’île pendant 18 ans jusqu’à son déménagement au Musée canadien de l’histoire en 2018. Entre autres activités culturelles, l’attraction propose des spectacles de pow-wow traditionnels et des canots voyageurs sur la rivière. Il s’agit notamment de la première expérience touristique autochtone à faire partie de la collection d’expériences uniques de Destination Canada.
Plus récemment, Trina a tenu la vedette du Festival des arts autochtones du solstice. Ce qui n’était au départ qu’un événement d’une journée est aujourd’hui une célébration de quatre jours de tous les aspects de la culture des Premières Nations. Le festival attire un certain nombre de commanditaires locaux et nationaux et accueille environ 50 000 visiteurs par an. Aujourd’hui, l’événement comprend :
- des spectacles musicaux, notamment une cérémonie nationale de remise de prix pour la musique autochtone;
- des dégustations culinaires et des dîners VIP avec des chefs autochtones;
- un pavillon des arts culturels offrant une variété d’ateliers d’artisanat.
En 2020, le Festival des arts autochtones du solstice a été contraint de passer à une expérience entièrement virtuelle en raison des restrictions liées à la COVID-19. Trina s’est attachée à rendre l’événement aussi immersif que possible, en étalant la programmation sur 21 jours et en envoyant des trousses alimentaires et des trousses d’artisanat aux participants. Ce fut un succès monumental, près d’un million de personnes du monde entier ayant profité du contenu, et l’approche innovante a été soulignée par les organisateurs de festivals locaux et la communauté touristique d’Ottawa.
S’associer aux bonnes personnes aux bons endroits
Dès le début, Trina a reconnu l’importance de former des partenariats stratégiques pour augmenter ses chances de réussite. Bien longtemps avant la création de la ferme Mādahòkì, elle a proposé à Tourisme Ottawa d’ajouter des programmes autochtones à l’offre touristique de la ville. Quelques représentants clés ont vu le potentiel et l’ont aidée à peaufiner sa stratégie. Depuis, elle ne cesse de louanger les partenariats.
Trina est maintenant très active auprès de Tourisme Ottawa et Tourisme autochtone Ontario, et elle est membre fondateur et ancienne présidente de l’Association touristique autochtone du Canada. Son engagement témoigne de sa volonté de collaborer avec ceux qui partagent sa vision et qui s’emploient activement à mobiliser un public pertinent. Il souligne également l’importance d’établir des partenariats dans des marchés où les entreprises et les attractions sont ouvertes et prêtes à répondre à la demande des consommateurs.
« Vous devez faire vos devoirs au préalable pour rendre le partenariat aussi attrayant et simple que possible. »
Elle souligne l’importance d’avoir un objectif à long terme, mais de se concentrer sur les petites étapes à franchir pour y parvenir. Avec Expériences autochtones, Trina savait qu’il était peu probable qu’un voyageur international réserve un voyage spécialement pour assister à l’un de ses événements. Elle a donc repéré les lieux et les attractions qui suscitaient le plus d’intérêt, puis elle s’est mise en relation avec ces entreprises et ces organisateurs afin de trouver des moyens de collaborer pour proposer des programmes autochtones aux touristes.
Garder les choses en perspective
Si vous venez de vous lancer, Trina conseille d’être réaliste et de commencer par des projets gérables. Expériences autochtones n’a pas connu un succès fulgurant dès le départ. Il s’agissait d’une idée et de quelques conversations avec les bonnes personnes. L’entreprise s’est développée au fil du temps avec l’aide d’un réseau de collaborateurs, ouvrant la porte à de nombreuses possibilités.
Trina recommande les partenariats non seulement avec des entreprises et des associations, mais aussi avec des lieux, comme les parcs nationaux et provinciaux.
« Bon nombre de microentreprises qui réussissent vraiment sont liées au tourisme. C’est ce qui est formidable dans le tourisme : il peut s’agir d’une seule personne possédant de nombreuses connaissances traditionnelles. Des connaissances sur la forêt, par exemple. Il n’est pas nécessaire d’être propriétaire de la forêt, mais vous pouvez vous associer pour proposer des visites guidées sur les plantes médicinales. »
Enfin, Trina n’hésite pas à souligner que la demande pour des expériences touristiques autochtones et des attractions, comme la ferme Mādahòkì, est supérieure au nombre d’opérateurs et d’attractions touristiques qui en proposent. Cela signifie qu’il existe de nombreuses possibilités d’enrichir le tourisme en faisant connaître les histoires et les cultures des communautés des Premières Nations. Si vous souhaitez prendre part à ces efforts, Trina recommande de profiter de l’aide fournie par les associations de tourisme autochtone partout au Canada.
Cet article a été rédigé dans le cadre du projet de formation sur l’entrepreneuriat touristique autochtone mis sur pied par Tourisme Ottawa et le Collège Algonquin grâce au financement du gouvernement du Canada. Pour en savoir plus sur ce projet, veuillez visiter le site www.ouvretesailes.ca.